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L’art du plateau de fromages : Les secrets pour éblouir (et se régaler) pendant les Fêtes

Quand convivialité rime avec subtilité

Il y a quelque chose de magique dans un plateau de fromages qui apparaît sur la table en fin de repas, au moment du dessert. Les conversations, qui s’essoufflaient peut-être un peu après le plat principal, reprennent de plus belle. Les verres se remplissent, les chaises se rapprochent, et soudain, personne n’est pressé de quitter la table. Un bon plateau de fromage, ce n’est pas juste une question de goût. C’est créer un moment. C’est ça, la magie des Fêtes : transformer un simple service en un moment de partage.

Chez Goûtez le Québec, nous avons une conviction : le fromage n’est pas qu’un aliment, c’est un liant social. Mais entre nous, qui n’a jamais figé devant l’étalage infini de sa fromagerie locale en ayant l’eau à la bouche ?

À l’approche des réveillons, notre équipe est partie jaser avec ceux qui ont les deux mains dans le caillé à l’année longue. Voici ce que nous avons retenu de nos échanges avec les maîtres fromagers d’ici pour vous aider à composer le plateau parfait, sans stress et avec beaucoup de goût.

1. La règle d’or : La patience est une vertu (et une saveur)

S’il y a bien un commandement sur lequel tous les fromagers du Québec s’entendent, c’est celui-ci : sortez vos fromages du réfrigérateur !

Servir un fromage froid, c’est un peu comme boire un grand vin rouge glacé : on passe à côté de l’essentiel. Le froid anesthésie les papilles et fige le gras.

  • Le conseil de pro : Sortez votre plateau au moins une heure avant la dégustation (voire deux pour les pâtes très fermes).
  • L’objectif : Atteindre la température ambiante (18-20°C). C’est à cet instant précis que la texture d’un cheddar vieilli s’assouplit et qu’un bleu révèle ses notes subtiles de noisette et de champignon. C’est toute la différence entre manger du fromage et le déguster.

2. L’orchestration : composer sa symphonie

Pour éviter la cacophonie dans l’assiette, il faut voir votre plateau comme un chef d’orchestre voit sa partition. L’idée est de créer une progression. Pour un plateau équilibré qui plaira à tous, visez la diversité des intensités et des textures. Imaginez une progression, comme une dégustation de vins. On commence avec les plus doux, on termine avec les plus corsés.

La formule magique du « 3 à 5 » : Pour un groupe de 8 à 12 personnes, inutile de dévaliser la boutique. Cinq fromages bien choisis valent mieux que dix options médiocres. Moins de cinq fromages, c’est un peu triste et plus, ça devient confus. Visez la diversité des textures et des laits (vache, chèvre, brebis). Il faut compter environ 80 à 100 grammes par personne si le plateau est servi en fin de repas, le double si c’est l’événement principal.

Voici une progression type qui ne trompe jamais :

  1. L’Introduction : Un fromage frais ou une pâte molle douce (type chèvre frais) pour éveiller le palais avec de l’acidité.
  2. La Valeur Sûre : Une pâte semi-ferme (comme un Oka artisanal ou une tomme de brebis) qui rassure et plaît à tout le monde.
  3. Le Caractère : Un fromage à croûte lavée un peu plus « punché » (type Le Douanier ou un reblochon québécois).
  4. La Puissance : Un cheddar extra-vieilli ou une pâte ferme aux cristaux de sel qui craquent sous la dent.
  5. Le Final : Un bleu. Qu’il soit crémeux ou friable, c’est lui qui clôture le spectacle avec intensité.

3. Géométrie gourmande : L’art méconnu de la découpe

C’est souvent ici que le bât blesse. Un aspect que l’on néglige souvent c’est : comment couper ses fromages. Pourtant, c’est crucial pour que chaque bouchée soit harmonieuse. Couper le fromage n’est pas qu’une question d’esthétique, c’est une question d’équité ! La règle de base ? Chaque part doit contenir un peu de croûte et de cœur, car les saveurs varient énormément entre les deux.

  • Pour les ronds (Camembert, Brie) : On coupe en pointes, comme un gâteau. Tout le monde a droit à son bout de « nez » (le cœur crémeux) et son talon (la croûte).
  • Pour les bûches : De simples rondelles suffisent.
  • Pour les tranches (Pâtes fermes) : On oublie les tranches « coupe-sandwich ». Optez pour des bâtonnets ou des triangles fins.
  • Le détail qui tue : Prévoyez un couteau par famille de fromage. Rien de pire que de retrouver du bleu sur son chèvre frais délicat. Si vous manquez d’ustensiles, essuyer la lame entre chaque service est un impératif de survie gustative !

Il est aussi important de pré-entamer chaque fromage pour guider les invités. Quelques premières tranches bien coupées, ça donne l’exemple. Personne n’aime être le premier à attaquer un fromage intact.

4. Les accords : Osez l’inattendu !

Un plateau nu, c’est triste. C’est ici que votre créativité entre en jeu. Les accompagnements font toute la différence. Les noix grillées apportent du croquant et leurs huiles naturelles s’harmonisent magnifiquement avec les fromages affinés. Les figues séchées, les dattes Medjool ou les abricots confits créent ce contraste sucré-salé que tout le monde recherche.

Et le pain ? Le pain croûté aux noix ou aux levains est un incontournable. On peut aussi préférer juste bon pain croûté, tranché fin, qu’on peut faire griller légèrement ou des craquelins neutres, mais avec parcimonie. Le fromage, c’est la vedette. Le reste, ce sont les acteurs de soutien.

Côté confitures? Une confiture d’oignons caramélisés avec un cheddar fort, c’est du bonheur pur. Un miel de sarrasin sur un bleu crémeux, une révélation. Mais attention aux confitures trop sucrées qui écrasent tout. Cherchez la subtilité, pas la collision.

Côté liquide ? Un cidre de glace du Québec ou un porto accompagneront à merveille cette fin de repas.

Présentation : l’œil mange en premier

Disposez vos fromages en suivant l’ordre de dégustation, dans le sens des aiguilles d’une montre. Laissez de l’espace entre chaque, comme pour les laisser respirer. Une planche de bois brut, une ardoise, même un simple plateau de bambou fait l’affaire.

Les fromagers que nous avons rencontrés sont unanimes : gardez les étiquettes ou notez les noms sur de petits cartons. Les gens aiment savoir ce qu’ils mangent et qui plus est, ça lance des conversations.

Quelques brins de romarin frais, des raisins rouges, des cerises de terre… Ces petites touches vertes et colorées donnent aussi vie au plateau sans le surcharger. La nature fait toujours mieux que nous et la simplicité a bien meilleur goût.

5. Choisir local : Le Terroir dans l’assiette, c’est choisir l’excellence

Avons-nous vraiment besoin de le rappeler ? Le Québec est devenu une terre de fromages d’exception qui n’a plus rien à envier à nos cousins français. 

On a la chance inouïe, ici au Québec, d’avoir accès à des fromages d’une qualité exceptionnelle, souvent primés internationalement. Le Riopelle de l’Isle, le Victor et Berthold, le 1608 de Charlevoix, le Fou du Roy… Ces noms devraient être aussi connus que des grands vins, c’est notre patrimoine.

En choisissant des produits d’ici — un 1608 de Charlevoix, un Riopelle de l’Isle, ou un Louis d’Or — vous ne faites pas que vous régaler. Chaque fromage raconte une histoire, celle d’un terroir, d’un producteur, d’une technique transmise. En composant un plateau 100% québécois, vous soutenez des familles d’agriculteurs, des artisans passionnés qui perpétuent un savoir-faire unique.

Le mot de la fin

Au fond, un plateau de fromages réussi, c’est comme les fêtes elles-mêmes : un équilibre entre tradition et créativité, entre générosité et finesse. C’est prendre le temps de bien faire les choses, de créer un moment de partage unique et authentique.

Alors cette année, osez. Poussez la porte de votre fromagerie de quartier, posez des questions, demandez à goûter. Ces artisans adorent partager leur passion. Et qui sait ? Vous pourriez bien créer une nouvelle tradition familiale. Celle où, année après année, c’est votre plateau de fromages qu’on attend avec impatience.

Capsule pratique : Le plateau express

Pas le temps d’analyser chaque étiquette ?  Voici la formule gagnante en cinq fromages québécois accessibles, une sélection clé en main pour un sans-faute (environ 40$ pour 8 personnes) :

  • Le Crémeux : Le Riopelle de l’Isle ou Le Cendrillon (triple crème, doux et onctueux).
  • Le Déroutant : Tournevent ou Chèvre Noire (une bûche de chèvre nature)
  • La Valeur Sûre : Le Perron ou Doyen (un cheddar vieilli 2 ans).
  • L’Audacieux : Le Bleu Bénédictin (Équilibré et pas trop agressif).
  • Le Puissant : Le 1608 ou Le Hercule de Charlevoix (croûte lavée, puissant mais sublime).
  • L’Accompagnement : Une gelée de pomme ou un miel de sarrasin du Québec.

Total : environ 35-40$ pour régaler 8 personnes. Un investissement qui en vaut la chandelle.

L’Astuce « Goûtez le Québec » pour les Fêtes : Cette année, inspirez-vous de la tradition alsacienne (comme un magnifique Stollen riche en fruits confits et épices). Essayez de servir une tranche fine de Stollen ou de pain aux fruits un peu dense avec un fromage bleu crémeux ou un cheddar très fort. Le mariage des épices de Noël (cannelle, cardamome), du sucre des fruits confits et du salé du fromage crée une explosion en bouche absolument divine. C’est audacieux, festif et ça change des craquelins !

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De la part de toute l’équipe de Goûtez le Québec : osez la découverte et joyeuses fêtes gourmandes !

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